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Les photos présentées ci-dessous ne font pas partie du texte original de l'auteur

Le Cerf par Etienne Alexandre.

Si l'Ardennais porte souvent un regard habitué sur le sanglier, ce plébéien, tout autre est sa perception du cerf, ce fantôme de la forêt, cet aristocrate de la faune sylvicole. Le cerf est le plus grand animal sauvage de notre territoire, celui qui suscite le plus d'admiration, de mystère; sa hauteur au garrot avoisine les 140 cm et sa majestueuse ramure lui permet de dépasser allégrement les deux mètres. D'un poids pouvant approcher les 200 kg, sa longueur est supérieure à deux mètres et sa robe varie d'un gris noirâtre en hiver à un brun alezan en été ; une épaisse toison sur la gorge et l'échine rehausse encore son expression de puissance et de noblesse.




Contrairement à une croyance largement répandue, l'âge d'un cerf ne se juge pas exclusivement au nombre de pointes qui composent son pavois, car, si effectivement chaque année il renouvelle sa ramure, celle-ci ne s'accroît pas forcement d'un nombre constant d'andouillers. Ce processus annuel est pour beaucoup dans le culte que les hommes proches de la forêt vouent au cerf, symbole de pérennité. Ce sont les cerfs les plus âgés qui, vers la fin février, perdent leurs bois les premiers. Cette chute est le résultat d'une inflammation de l'os frontal, les pivots; il n'est d'ailleurs pas rare que des fragments d'os restent accrochés aux mues, résultat des efforts de l'animal pour se débarrasser de ses excroissances qui le font souffrir. La perte des deux bois est quasi simultanée.
Après une dizaine de jours nécessaires à la cicatrisation des pivots, un réseau sanguin très dense commence à véhiculer les éléments qui vont permettre de reconstituer la ramure. La repousse dure plus de trois mois à une croissance moyenne d'un centimètre par jour (2 cm par jour le deuxième mois). Ce réseau sanguin se développe dans une gaine, le velours. A la fin de la croissance, le réseau se solidifie, se minéralise et le cerf se débarrasse alors de ces velours en " touchant du bois ", en se frottant aux arbres. Le processus total nécessite 4 à 5 mois, pour produire cet attribut qui en moyenne, pèse 5 kg et mesure 90 centimètres chez l’adulte. Pendant cette période, le cerf se sentant vulnérable se soustrait aux regards, si ce n'est ceux de quelques congénères dont la présence le sécurise.



Les bois du cerf sont bien de la matière osseuse et non de la corne; certains scientifiques estiment qu'en une vie un cerf aura produit entre 80 et 100 kg de cette matière.
Si la ramure joue un rôle social très important, elle est aussi la carte d'identité et la fiche de santé de celui qui l’arbore. Chaque cerf porte une tête différente de celle de ses congénères: écartement, forme, couleur, andouillers spéciaux, sont des éléments qui non seulement varient d'un individu à l’autre, mais encore se reproduisent au fil des ans. Ces particularités permettent à l’observateur averti de suivre l’évolution de chaque animal; ainsi certains cerfs très typés se sont vus affublés de noms qui expriment souvent leurs origines dans la forme de leur ramure : l’Archiduc, le Palme, le Rouge,...
Comme nous l’avons écrit, le nombre de pointes ne correspond pas à l’âge réel d'un cerf : ainsi un animal de deux ans peut ne porter que deux pointes (daguet) ou en porter quatre (daguet fourchu); un cerf de cinq ans, comme un autre de quatorze, peut en porter 10, ... L’âge doit donc s'estimer sur d'autres critères (épaisseur, grandeur, couleur, forme des bois, port de la tête , démarche, empreintes,...) mais seul l'examen post-mortem de la mâchoire permettra une évaluation correcte. La repousse des bois dépend aussi de facteurs extérieurs (climat, nourriture,...) et de l'état de santé du cerf: maladie, anomalie physique, blessure, accident, seront répercutés dans la ramure engendrant des animaux aux bois parfois saugrenus: ce sont les têtes «bizardes».
Avec une espérance de vie de vingt ans, le cerf atteint sa plénitude physique entre 10 et 15 ans; passé cet âge il dégénère peu a peu et la ramure sera le reflet de sa sénilité : on dit alors qu'il ravale.
A l'origine le cerf était un animal diurne vivant en plaine; la pression de l'homme l'a peu a peu repoussé plus loin dans les forêts et son rythme de vie est devenu nocturne. Pour autant qu'il ne soit pas perturbé, il consacre 8 à 9 heures pour manger, 5 à 6 heures pour ruminer, 8 heures pour se reposer et 2 heures pour se déplacer.



Les graminées composent plus de 50 % de son alimentation; il y ajoute jeunes pousses, fruits, baies, feuilles. En dégageant les jeunes plants des herbes qui les étouffent il joue un important rôle de jardinier de la forêt. Hélas, notre forêt manque bien souvent de la nourriture dont cet animal est friand. Il se rabat alors sur des essences plantées par l'homme. Pour atténuer cette « prédation » on tente de compenser les carences alimentaires en effectuant des nourrissages artificiels: maïs, betteraves, pommes, fourrage,...
Ce déséquilibre pousse le cerf à écorcer les arbres afin de compenser une alimentation trop riche pour son système digestif. L’écorchage est également le résultat du stress provoqué par les activités humaines : tourisme, exploitation forestière, clôtures,...
Ce comportement devient en fait le souffre-douleur des technocrates qui ne voient en la forêt que sa valeur économique tout en négligeant ses rôles biologiques, historiques et affectifs: la gestion économique de la forêt « représente » le plus grand danger pour sa faune.
La structure familiale du cerf est de type matriarcal et se compose de la biche, du faon de l'année et du jeune de l'année précédente. Ces familles forment des hardes qui englobent également de jeunes mâles; les cerfs d'âge moyen constituent d'autres groupes indépendants alors que les plus âgés vivent en solitaires, accompagnés parfois d'un ou deux écuyers. La vie du cerf est axée uniquement sur la reproduction; mi-octobre, épuisé et amaigri par le brame, le cerf va pendant trois mois s'efforcer de reconstituer ses forces. Dès qu'il a retrouvé sa plénitude physique il va pendant quatre mois renouveler sa ramure, symbole social et sexuel fondamental. Les mois de juin, juillet et août lui seront utiles pour accumuler des réserves indispensables pour mener a bien sa tâche essentielle: assurer la continuité de l'espèce.



Le brame est la période la plus intense de la vie du cerf ; c'est également l' époque durant laquelle sa présence est la plus manifeste. Dans notre massif forestier, le brame se déroule habituellement de la mi-septembre à la mi-octobre. Ce sont les femelles qui vont déclencher l'activité sexuelle des mâles. La réceptivité des femelles est liée a la quantité journalière de lumière à laquelle elles sont exposées; en secrétant des phéromones elles vont attirer sur elles l'attention des mâles qui, progressivement, vont rejoindre les hardes. Après en avoir expulsé les jeunes males, ils vont s'approprier le harpail et saillir les biches au fur et à mesure que celles-ci se montreront réceptives. Seuls les sujets les plus âgés participent à la reproduction (plus de cinq ans) et, dans cette tranche d'âge, ce sont également les plus vieux qui sont les premiers en activité; ainsi plus de 80 % des biches seront couvertes par moins de 20 % des mâles. Les places de brame sont souvent des endroits dégages où eau et nourriture se trouvent en suffisance: pâtures enclavées, coupes à blanc, futaies dégagées. Si le cerf oublie à cette époque tout sentiment de prudence et se laisse facilement observer, la harde reste sous la surveillance d'une vieille biche qui veille a sa sécurité. En cherchant à approcher les troupeaux, l'homme risque d'inquiéter la biche meneuse qui en donnant l'alerte fera fuir ses congénères. De tels comportements induisent donc des conséquences dommageables à la survie de l'espèce. Le cerf qui hante une harde est appelé cerf dominant ou maître de place; toute son activité consiste à maintenir les biches sous sa férule et à en écarter les rivaux. Au moyen des glandes situées aux coins des yeux (larmiers), aux pattes postérieures et à la base de la queue, il marque les limites de son territoire. Il complète ce travail en urinant à divers endroits. Se vautrant dans ses marques le cerf dégage une odeur forte qui le fait reconnaître des autres prétendants. Par de longs cris rauques que son larynx amplifie il lance des défis à ses rivaux qui essayent de lui dérober ses biches. Ces cerfs satellites encerclent les aires de brame et par leurs appels essayent de détourner les femelles du cerf dominant. Le brame est en général une activité matinale ou crépusculaire mais en pleine activité il se déroule également la journée; les nuits froides au ciel dégagé sont plus propices à l'activité sexuelle mais ceci n'est pas une régie immuable.



Si un prétendant s'approche un peu trop de ses biches, le maître de place se rue vers I'intrus afin de I'expulser. En général les cerfs se connaissent et évitent d'affronter des individus qu'ils savent supérieurs. Les combats ne sont donc pas habituels et les luttes sont rarement mortelles. Les antagonistes s'affrontent en entrechoquant leurs bois et, en effectuant des poussées, essayent d'imposer leur suprématie. Dès qu'il se sent dominé un cerf abandonne le combat, à peine poursuivi par son vainqueur qui lance alors son cri de victoire.
Pendant ces trois semaines d'activité intense le cerf ne mange quasiment pas, se contentant éventuellement de boire: parfaite illustration du dicton " Vivre d'amour et d'eau fraîche » ! Au sortir de cette période il est donc totalement épuisé et efflanque, certains sujets pouvant perdre plus de 20 kg.
A ce moment de sa vie le cerf peut être très dangereux pour !'homme car, guidé par son seul instinct sexuel, il perd toute prudence et peut parfois charger un homme qui se trouverait face a lui.



La gestation dure environ 35 semaines et, entre la mi-mai et la mi-juin, la biche met bat un jeune, rarement deux. Dans les premiers temps de sa vie le jeune reste dissimulé dans d'épais fourrés ou la biche vient le rejoindre pour l'allaiter. Mère et enfant restent cependant en contact par l'odeur dégagée par les larmiers du faon. En cas de danger, celui-ci bloque cette Sécrétion, ce qui supprime tout contact avec la mère. II est donc indispensable, si l’on découvre un faon, de s'en éloigner le plus vite possible afin que ce contact soit rétabli et pour éviter que la biche, perturbée par l'odeur humaine, n'abandonne sa progéniture.
Jusqu'a sa puberté à l'age de deux ans, le cerf reste parmi la harde qu'il va alors quitter pour vivre en compagnie d'autres jeunes mâles. Sa croissance sera terminée vers l'âge de six, sept ans alors que sa ramure prendra de l'ampleur jusque douze, treize ans.
Le cerf est certainement le plus remarquable de nos animaux tant par sa biologie que par son comportement et par l'amitié et le respect que lui témoignent les Ardennais. Pour s'en convaincre, il suffit de se rendre fin septembre le long des routes qui traversent nos grands massifs; vous y découvrirez de nombreux villageois qui, religieusement, en silence, sans déranger, écoutent les concerts de ces farouches ténors. Si vous leur demandez pourquoi chaque année ils se rendent rituellement a ce rendez-vous ils ne pourront que vous répondre : "parce que c'est le brame" : le brame ne s'explique pas, il se vit de l'intérieur, il est l'expression de notre appartenance religieuse a la nature.


© Etienne Alexandre. Toute reproduction, même partielle, est soumise à l’accord de l’auteur.


Le Sanglier par Etienne Alexandre.

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Très commun dans nos forêts, ce mammifère ongulé au corps trapu et au buste massif repose sur quatre membres assez chétifs par rapport à sa masse. Pouvant atteindre un mètre au garrot et un mètre cinquante de longueur, certains grands mâles pèsent plus de 150 kg; le pelage plus foncé en hiver présente de grandes variétés de tons selon les individus.




Grâce à de petites oreilles (= écoutes) très mobiles, son ouïe est excellente; sa vue, desservie par de petits yeux (= mirettes) et le peu de mobilité de son cou, n'est pas exceptionnelle alors qu'un odorat hyper développé lui permet de déceler sa pitance même profondément enfouie. Le mâle se distingue de la femelle essentiellement par son sexe (= pinceau) visible sous le ventre, le port relevé de la queue et, des l’âge de vingt mois, la présence de défenses a la mâchoire inférieure. Le sanglier affectionne les forêts feuillues ou il se gave de glands, châtaignes, faines ou baies diverses; omnivore il prélève mulots, souris, oisillons, petits gibiers, voire de jeunes chevreuils; véritable éboueur de la forêt, il ne dédaigne pas non plus les charognes qui gisent sur son territoire. Certains esthètes du crime parfait prétendent même que le meilleur moyen de se débarrasser d'un cadavre est de le déposer à proximité d'une forte compagnie de ces plaisants pachydermes !



Grâce a son groin terminé par un puissant butoir, il affectionne déterrer pommes de terre et betteraves, trouvant également dans les cultures de maïs un abri sûr et nourriture abondante. Son outil lui permet également de tracer de profonds sillons dans les prairies afin d'y soustraire vermine et racines. Son régime alimentaire le fait mal voir des fermiers pour ses visites gastronomiques un peu trop fréquentes.



Nomade par atavisme, ce "cochon sauvage" peut se déplacer rapidement sur de très longues distances notamment si la nourriture fait défaut ou s'il est trop dérangé. Il se déplace généralement au trot, en file indienne, mais menacé, il peut s'encourir à près de 40 km/h. Cependant ce grand voyageur a tendance peu a peu à se sédentariser suite au développement des infrastructures humaines et à l'intervention des chasseurs soucieux de le cantonner sur leurs terrains de chasse, lui offrant nourriture abondante et territoires aménagés. Ses activités étant essentiellement nocturnes, le sanglier recherche taillis touffus et jeunes sapinières ou il peut se reposer le jour; à proximité de ses retraites se trouvent des endroits humides dans lesquels il peut se rouler (=se souiller) pour se soulager de la vermine qui irrite son épaisse toison.



Les femelles suivies de leurs petits et les jeunes adultes vivent en bandes (= compagnies). Les mâles les quittent pour vivre en solitaires à l'approche de leur deuxième année, ils ne rejoignent les femelles qu'au moment du rut, de novembre à janvier. La gestation dure quatre mois et les femelles ont habituellement une seule portée mais il n'est pas rare qu'en fonction de divers éléments (nourriture, climat,...) elles puissent en avoir une seconde. Peu avant la mise bas la laie s'isole et construit une sorte de nid composé de fougères, herbes et végétaux divers; une portée comprend de 2 a 12 jeunes, ce nombre varie en fonction de l’âge de la mère et de la quantité de nourriture disponible.



La laie reste une semaine au nid mais dérangée elle s'enfuit, abandonnant ses petits et bien souvent n'y revient pas. Les marcassins commencent après deux semaines a chercher leur nourriture bien que l'allaitement dure de trois a quatre mois. Vers l’age de six mois ils perdent leur livrée rayée.



D'un naturel paisible, le sanglier est rarement agressif, sauf blesse, ou saoule par des glands fermentes qui l'excitent ou encore s'il s'agit d'une laie, plus belliqueuse que le mâle, estimant ses petits menacés. Inquiet, un sanglier souffle bruyamment, en colère il claque des dents, sa crinière se hérisse. Il peut alors charger l'homme tentant de sectionner l'artère fémorale ou de l'éventrer s'il est à terre: le seul salut est alors de se réfugier dans un arbre.



Ce scénario catastrophe heureusement est rarissime, le sanglier aura souvent éventé la présence du promeneur avant que celui-ci ne l'ait remarqué. Pour éviter toute rencontre désagréable il suffit de se balader sans vouloir se dissimuler, en parlant calmement afin de ne pas surprendre l'animal et aussi ne pas chercher à l'approcher, surtout s'il s'agit d'un tout jeune spécimen. Ceci est d'ailleurs valable pour tous les animaux de la forêt.



Signalons que le sanglier est un animal excessivement intelligent, pourvu d'un sixième sens : il lui permet de percevoir l'humeur agressive au pacifique de l'homme rencontré. Le sanglier est dur à la souffrance, résistant à la faim, endurant à la fatigue; pour ces qualités l' Ardennais en a modestement fait son emblème!

© Etienne Alexandre. Toute reproduction, même partielle, est soumise à l’accord de l’auteur.

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Le cingle plongeur (cinclus cinclus) par Etienne Alexandre.

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Appelé également merle d'eau, le cincle plongeur est un oiseau trapu mesurant environ 17 cm et pesant 60 grammes. Ses pattes sont grandes et robustes, sa queue est courte et élevée. Il présente un plastron blanc immaculé, un dos noirâtre et un ventre brun ou noir.




Essentiellement sédentaire, le cincle hante les cours d'eau rapides des régions accidentées. Il niche sous les vieux ponts, dans les cavités des berges ou dans les creux des rochers. Son nid ressemble à une grosse boule avec une ouverture latérale, rempli de mousses et plantes aquatiques ramassées sous l'eau, de feuilles de hêtre et de chêne.
A partir du mois de mars, la femelle y dépose de 4 à 6 œufs couvés avec ardeur pendant dix-sept jours. Environ vingt jours après leur naissance, les oisillons prennent leur essor.

La particularité du cincle réside dans sa faculté de se mouvoir aussi aisément dans l'air que sous l’eau. Ses caractéristiques morphologiques l'empêchent d'effectuer de longs vols. Il vole nerveusement et rapidement rasant le cours des torrents: sous l’eau, il s'aide de ses ailes pour se propulser et, si le courant est trop fort, il s'accroche aux cailloux, corps orienté vers l'amont, la queue relevée comme un aileron d'avion. Il peut ainsi rester plus d'une minute en plongée et il n'est pas rare de le voir évoluer sous la glace. Le cincle trouve ainsi sa nourriture au fond de l'eau: mollusques, coléoptères, crustacés.



Oiseau très farouche, sa quiétude est menacée par le tourisme de masse et son habitat souffre de la pollution, essentiellement celle des nitrates et des phosphates qui provoquent un développement excessif de la végétation aquatique entraînant privatisation d'oxygène et étouffement du milieu (eutrophication).

Il n’est donc que plus important pour nous, promeneurs et hôtes de nos forêts, de respecter notre environnement. Le changement radical de nos comportements face à la nature doit impérativement commencer par notre propre individu : agir comme une personne responsable. Cela implique de ne plus jamais souiller la nature de nos détritus, de recycler tant que possible au lieu de jeter, d’économiser l’énergie, de respecter l’eau, la faune et la flore etc...


Observer le cincle plongeur est un plaisir rare et il nous appartient d’encore en profiter, pour des générations et des générations !

© Etienne Alexandre. Toute reproduction, même partielle, est soumise à l’accord de l’auteur.

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La Buse Variable (Buteo Buteo) par Etienne Alexandre.

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Lorsque le ciel est dégagé et l'air «portant», il est fréquent d'apercevoir un grand oiseau planant en cercle au-dessus des campagnes: la buse variable. Son habitat de prédilection est constitue d'une alternance de forêts, champs et prairies Ce rapace très commun dans nos régions est un oiseau d'une taille d'environ 60 cm, pesant environ 850 grammes, d'une envergure pouvant atteindre 1m 20. De couleur très variable selon les individus (d'ou son nom) elle peut varier du brun foncé au crème clair, avec plus ou moins de blanc; la queue est large et barrée de raies foncées, se terminant par une large bande sombre. Bien que la femelle soit un peu plus grande que le male, les deux sexes sont identiques.




Elle construit son nid parfois sur des escarpements rocheux mais le plus souvent elle choisit un arbre, de préférence un feuillu, en empilant branches et brindilles en une construction très volumineuse pouvant atteindre 1 m; le sol du nid est recouvert de feuillages verts régulièrement renouvelés. La ponte n'a lieu qu'une fois par an et comporte de 2 a 4 oeufs; les deux parents couvent alternativement durant une trentaine de jours; les petits sont aptes a quitter le nid six semaines après leur éclosion.



Souvent la buse chasse en couple et, poussant de petits cris stridents, elle cherche à apeurer ses proies. Dès qu'une souris ou un campagnol tente de se mettre a 1'abri, l'oeil perçant de la buse (plus de dix fois supérieur au nôtre) décèle le mouvement et l'oiseau se laisse tomber sur lui a une vitesse vertigineuse. Si les conditions atmosphériques sont peu propices à ses longs vols planés, elle se perche en un endroit surélevé afin d'y guetter sa proie. Quelques fois elle dévorera l'animal sur place, mais, le plus souvent elle l'emporte vers un endroit préféré: un arbre, un poteau ou un rocher. Là, elle avale plumes, poils et os sans le moindre tri. Sa digestion terminée, elle régurgite les parties non comestibles sous forme de boulettes solides que l'on découvre a proximité de ses "salles à manger".



Ces pelotes de déjection sont d'un intérêt considérable pour les scientifiques car elles donnent à la fois une image précise de 1'alimentation de ce rapace et permettent également de faire un inventaire et un bilan de santé des petits mammifères. On a pu ainsi établir que la buse se nourrit essentiellement de petits rongeurs (96 %) et de petits gibiers ou oiseaux morts ou encore malades (4 %); elle ne dédaigne pas non plus grenouilles, lézards et autres reptiles..



La buse ne bénéficie pas d'une grande vitesse de vol mais sa voilure lui permet, lorsque le besoin s'en fait sentir, d'effectuer des glissades sur 1'aile à plus de 100 km/h. Cette technique lui est parfois bien utile lorsqu'elle cherche à se soustraire aux attaques de corneilles, geais ou passereaux qui s'efforcent de 1'eloigner de leurs nids.



Dans les cycles de la nature la buse variable joue un important rôle régulateur mais chasseurs et paysans 1'accusent a tort de décimer les populations de petits gibiers ou des basses-cours. Bien que protégée par la loi elle est souvent victime de sa triste réputation et son manque de mobilité en fait une cible facile pour certains chasseurs irresponsables.

© Etienne Alexandre. Toute reproduction, même partielle, est soumise à l’accord de l’auteur.

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© 2002 Vincent Damseaux